Installation PV : obligations Enedis, consuel & protections
En 2025, les règles d’injection réseau, de délestage et d’utilisation du compteur Linky évoluent. Que vous soyez installateur photovoltaïque, technicien ou responsable de chantier, maîtriser ces obligations est essentiel pour éviter les blocages administratifs et garantir la conformité de vos installations. Dans cet article, on récapitule les obligations réglementaires, les protections électriques DC/AC, et les solutions techniques pour le zéro-injection et le délestage, pour une mise en service sans accroc.
Obligations administratives et raccordement ENEDIS : ce qui bloque la mise en service
Procédure de raccordement et contrats obligatoires
Toute installation photovoltaïque raccordée au réseau doit obligatoirement passer par la procédure ENEDIS. La première étape est la demande de raccordement, qui détermine si votre installation peut injecter du surplus sur le réseau ou non.
Pour une autoconsommation sans injection, il faut établir une Convention d’Autoconsommation Sans Injection (CACSI). Cette convention est valable pour les installations de puissance inférieure ou égale à 36 kVA. Pour les installations plus puissantes, un contrat d’achat est nécessaire, comme le CU-I (Contrat d’Utilisation d’Injection) ou le CRAE (Contrat de Raccordement, d’Accès et d’Exploitation).
Attestation CONSUEL : obligatoire pour la mise en service, sauf exceptions très limitées pour les kits « plug & play » qui ne sont pas branchés “en dur”, c’est-à-dire directement sur le tableau. Le dossier SC144 doit être joint à l’attestation de conformité.
Attention : sans ces documents, la mise en service de l’installation peut être bloquée. Il est donc crucial de bien préparer son dossier et de respecter les délais imposés par ENEDIS.
Cas particuliers et exceptions
Certaines installations peuvent bénéficier d’exceptions, notamment les kits « plug & play », qui ne nécessitent pas toujours une attestation consuel. Cependant, ces exceptions sont très limitées et concernent principalement des installations de faible puissance.
Pour les installations en site isolé (non raccordées au réseau), aucune démarche auprès d’ENEDIS n’est nécessaire. En revanche, dès qu’il y a un raccordement, même partiel, les obligations administratives s’appliquent.
Protections DC (panneaux → onduleur) : normes et bonnes pratiques
Protection par string et calculs obligatoires
La protection des strings photovoltaïques est encadrée par la norme UTE C15-712-1, qui précise les mesures à mettre en place pour limiter les risques de choc électrique et d’incendie. Chaque string doit être protégé individuellement en fonction de son courant de court-circuit (Isc) et de sa tension en circuit ouvert (Uoc).
Calcul obligatoire : Isc × 1,25 → courant maximal sous conditions de court-circuit (par string). Isc × 1,56 → facteur souvent utilisé pour le dimensionnement minimum des conducteurs/ampérages quand plusieurs sources sont combinées.
Fusibles string : la norme / guide UTE indique qu’au-delà de deux strings en parallèle (ou si le cumul risque d’excéder la tenue des modules/conducteurs), la protection par fusible/disjoncteur de string est requise ou recommandée — il faut se référer aux tableaux de l’UTE C15-712-1 et à la fiche technique module/constructeur.
Vérification du Nc_max : nombre maximal de modules en série, selon la table UTE C15-712-1.
Pose de fusibles ou disjoncteurs DC : si le calcul l’exige, pour éviter tout risque de surintensité ou de tenue en courant inverse.
Ne pas regrouper les strings sans vérifier la table : cela pourrait entraîner des risques majeurs pour la sécurité de l’installation.
Équipements de sécurité incontournables
Sectionneur DC cadenassable : il doit être placé côté champ photovoltaïque et dimensionné pour supporter la Uoc_max du champ. Cet équipement permet une coupure sécurisée pour les interventions de maintenance.
Parafoudres DC : recommandés/à prévoir si les câbles dépassent 10 m ou selon analyse de risque (densité de foudroiement …). Ils doivent être conformes aux normes IEC/EN 61643-31 et UTE.
Protections AC (onduleur → tableau) : choix des DDR et conformité
Différentiels 30 mA et types A/F/B
Les circuits d’habitation doivent être protégés par un différentiel de 30 mA (norme NF C15-100). Cependant, le choix du type de DDR (A, F ou B) dépend de la nature des courants résiduels générés par l’onduleur.
Type A ou F : si l’onduleur ne génère pas de composante continue résiduelle. Le type F offre une meilleure résistance aux perturbations et peut remplacer le type A.
Type B : si l’onduleur génère un courant continu lisse (ou en cas de présence de bornes de recharge pour véhicules électriques). Ce type détecte les courants résiduels à composante alternative et continue, ainsi que les défauts à courant continu lisse.
Action : toujours vérifier la fiche technique de l’onduleur et suivre les recommandations du fabricant. En cas de doute, privilégiez un DDR de type B pour une protection optimalecivisol.fr.
Intégration au schéma électrique
Le DDR doit être intégré au schéma électrique en respectant les préconisations du fabricant. Une mauvaise intégration peut entraîner des dysfonctionnements ou des risques électriques.
Certification des onduleurs et exigences réseau ENEDIS
Norme EN 50549-1 (profil FR) : une obligation
Depuis le 1er janvier 2025, la norme EN 50549-1 remplace la DIN VDE 0126-1-1 pour le raccordement des onduleurs en basse tension. Cette norme est désormais obligatoire pour toutes les installations de plus de 800 W et doit être attestée par un certificat de conformité.
Exigences : la norme garantit la conformité des équipements aux règles de découplage réseau et de protection contre les surtensions.
Action : exiger le certificat EN 50549-1 de l’onduleur et conserver une copie pour Enedis et le Consuel. Sans cette preuve, la mise en service peut être refusée.
Zéro-injection et délestage : solutions techniques et architectures
Limitation d’injection côté onduleur
La méthode la plus fiable pour garantir une zéro-injection est d’utiliser une boucle fermée avec une pince ampèremétrique (tore) ou un compteur dédié. L’onduleur mesure en temps réel l’énergie injectée et ajuste sa production pour maintenir l’export à zéro.
Configuration type : pince sur le câble d’arrivée réseau, paramétrage de la limite d’export dans l’onduleur.
Avantage : réponse rapide et fiable, idéale pour les installations exigeantes.
Délestage externe et pilotage des charges
Une alternative consiste à mesurer l’injection via la TIC Linky et à piloter des charges (chauffe-eau, résistances) pour absorber le surplus. Cependant, la TIC Linky n’est pas aussi réactive qu’un CT dédié.
Remarque : pour un zéro-export strict, privilégiez un CT ou un compteur en temps réel.
Procédure pratique
Installez le CT sur les phases au point de couplage (PCC).
Éloignez le câble du CT des câbles AC pour éviter les interférences.
Configurez l’onduleur en mode « export limit » ou « zero export ».
Testez en conditions réelles et fournissez un log des mesures.
Checklist de mise en service : vérifications obligatoires
Avant toute mise en service, voici les 5 points clés à valider :
Visa consuel et dossier SC144 : vérifier leur présence et leur validité.
Protections DC/AC : relever Uoc_max et Isc_STC, calculer Nc_max, vérifier fusibles et disjoncteurs.
Conformité des DDR et parafoudres : s’assurer qu’ils sont adaptés et bien installés.
Certification EN 50549 de l’onduleur : exiger et conserver le certificat.
Tests de zéro-injection : vérifier la boucle de mesure, la latence et les logs d’export.
Conclusion
En 2025, les installateurs photovoltaïques doivent maîtriser les obligations réglementaires, les protections électriques et les solutions techniques pour garantir des installations conformes et sécurisées. En suivant ce guide, vous éviterez les blocages administratifs et optimiserez la performance de vos installations.
FAQ
Quels documents sont obligatoires pour le raccordement ENEDIS en 2025 ?
Pour le raccordement, vous devez fournir :
Une attestation CONSUEL (sauf exceptions pour kits « plug & play »).
Un dossier SC144 si applicable.
Une Convention d’Autoconsommation Sans Injection (CACSI) ou un contrat d’achat (CU-I/CRAE) selon le type d’injection
Comment choisir entre un DDR type A, F ou B pour une installation photovoltaïque ?
Le choix dépend des courants résiduels générés par l’onduleur :
Type A ou F : si l’onduleur ne génère pas de composante continue.
Type B : si l’onduleur génère un courant continu lisse ou en cas de présence de bornes de recharge
Quelle est la différence entre la TIC Linky et un tore (pince ampèremétrique) pour mesurer l’injection ?
La TIC Linky fournit des données périodiques, mais n’est pas aussi réactive qu’une pince ampèremétrique, qui mesure en temps réel. Pour un zéro-export strict, privilégiez une pince.
Comment configurer un onduleur pour le zéro-injection avec un CT ?
Installez le CT sur le câble d’arrivée réseau.
Configurez l’onduleur en mode « export limit » ou « zero export ».
Testez en conditions réelles et vérifiez les logs d’export