Optimiser l’autoconsommation solaire avec sa borne de recharge

Quand on investit dans une installation photovoltaïque, l’objectif est clair : consommer un maximum de l’énergie qu’on produit. Mais entre les heures de production solaire et les besoins du foyer, l’équation est rarement parfaite. La voiture électrique devient alors une formidable opportunité : c’est l’un des postes les plus flexibles de consommation. Encore faut-il savoir piloter sa borne pour que la recharge se déclenche quand le soleil brille, pas quand on rentre du boulot.

Dans cet article, on va voir comment configurer intelligemment sa borne de recharge pour maximiser l’autoconsommation solaire. On entre dans le dur : protocoles de communication, compatibilité routeur, stratégies de pilotage… Si vous êtes installateur ou propriétaire averti, cet article est pour vous.

Pourquoi recharger son véhicule avec le surplus solaire ?

Les enjeux économiques : réduire sa facture et maximiser son autoconsommation

Chaque kilowattheure injecté sur le réseau est rémunéré quelques centimes (0,4 €/kWh depuis début 2025), alors qu’il est facturé entre 0,18 € et 0,25 € quand on le consomme. C’est mathématique : mieux vaut consommer son énergie que la vendre. Recharger son VE en journée permet de “valoriser” l’excédent photovoltaïque jusqu’à 5 fois plus que l’injection réseau. C’est aussi un moyen de lisser ses pointes de consommation et d’éviter des puissances souscrites trop élevées.

Les enjeux techniques : pilotage, instantanéité et équilibre réseau

Le réseau électrique français n’est pas encore taillé pour des millions de VE qui se rechargent tous en rentrant à 19h. En pilotant sa recharge pour consommer son surplus solaire local, on évite d’ajouter de la pression sur le réseau aux heures critiques. C’est aussi une façon de participer à l’équilibre production/consommation à l’échelle locale — un enjeu qui devient clé avec le développement du photovoltaïque résidentiel.

Comment fonctionne une borne de recharge dans une installation photovoltaïque ?

Principe de base de la charge d’un VE à domicile

Une borne de recharge domestique alimente le VE en courant alternatif, généralement en monophasé (3,7 à 7,4 kW) ou triphasé (jusqu’à 22 kW). Par défaut, elle démarre la charge dès que la voiture est branchée. Si elle n’est pas pilotée, elle consomme immédiatement sur le réseau — peu importe que votre production solaire couvre la demande ou non.

Le rôle du compteur de production / consommation instantanée

Pour adapter la recharge à l’excédent solaire, il faut connaître en temps réel la production et la consommation du foyer. C’est le rôle du compteur bidirectionnel (souvent en Modbus ou via une pince ampèremétrique). Il permet de savoir à chaque instant si de l’électricité est injectée sur le réseau, et donc s’il y a du “surplus” à valoriser.

Qu’est-ce qu’un routeur solaire et comment interagit-il avec une borne ?

Le routeur solaire est un équipement intelligent qui mesure ce surplus et le dirige vers des appareils configurés : ballon d’eau chaude, chauffage, borne VE… Pour la borne, il peut soit envoyer un ordre ON/OFF, soit moduler dynamiquement la puissance selon l’excédent disponible, à condition que la borne soit compatible avec un protocole de pilotage (OCPP, API locale, etc.).

Les protocoles de communication utiles pour le pilotage

Le protocole OCPP : fonctionnement, limites, compatibilité

L’OCPP (Open Charge Point Protocol) est un protocole standard de communication entre la borne et un système de supervision. En version 1.6 ou 2.0.1, il permet le pilotage à distance (start/stop, modulation de puissance). Mais attention : toutes les bornes “OCPP” ne sont pas égales. Certaines nécessitent un backend cloud tiers, d’autres permettent un contrôle local. Ce point est crucial pour une logique d’autoconsommation locale et décentralisée.

Modbus, API propriétaires, ou API cloud : que choisir selon l’usage ?

  • Modbus est souvent utilisé pour les communications locales avec des équipements domotiques ou des EMS photovoltaïques.

  • Les API propriétaires (comme celles de Wallbox ou EVBox) permettent un pilotage fin, mais peuvent restreindre l’interopérabilité.

  • Les API cloud imposent une latence et une dépendance à internet. Pour une optimisation locale, mieux vaut les éviter ou les coupler à une logique de fallback locale.

Cas d’usage : intégration d’une borne dans un EMS domestique

Dans une installation bien pensée, l’EMS (Energy Management System) de votre routeur solaire centralise les données de production/consommation, pilote la borne via Modbus ou OCPP, et priorise les usages selon les préférences définies : chauffe-eau, charge VE, batterie. Le tout sans jamais injecter inutilement sur le réseau.

Choisir une borne de recharge compatible avec l’autoconsommation

Critères techniques indispensables

  • Compatibilité avec un protocole de pilotage local (OCPP local, Modbus, API LAN)

  • Possibilité de modulation dynamique (pas seulement ON/OFF)

  • Retour d’état (courant de charge, statut VE, etc.)

  • Intégration possible dans un EMS ou avec un routeur solaire

Borne pilotable VS borne autonome : ce que ça change pour l’installateur

Une borne autonome gère sa charge avec une programmation horaire ou une appli mobile. Une borne pilotable reçoit des consignes depuis un système externe. Pour l’installateur, cela implique de prévoir un câblage de communication, une configuration réseau, et une compatibilité logicielle à vérifier avec votre fournisseur de routeur.

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Configurer et piloter efficacement la charge solaire

Modes de pilotage : horaire, par seuil de puissance, ou dynamique

  • Pilotage horaire : simple, mais peu aligné avec la production réelle

  • Par seuil d’injection : la charge démarre dès qu’un seuil (ex. : 1 kW injecté) est atteint

  • Pilotage dynamique : modulation en temps réel de la puissance selon le surplus exact, souvent via PWM ou Modbus

Stratégies d’optimisation

  • Définir un SOC minimum (State of Charge) à atteindre chaque jour

  • Moduler la puissance entre 6 A et 32 A si la borne et le VE le permettent

  • Prioriser la charge VE après d’autres usages prioritaires (eau chaude, batterie…)

Limites à anticiper

  • Les prévisions météo ne garantissent pas une recharge complète chaque jour

  • Le temps de réponse du VE peut limiter la granularité du pilotage

  • La puissance minimale de charge (souvent 1,4 kW en monophasé) impose un seuil technique minimal de surplus

Conclusion : intégrer intelligemment sa borne dans une logique d’autoconsommation

Résumé des bonnes pratiques techniques

Piloter une borne de recharge pour maximiser l’autoconsommation solaire repose sur trois piliers :

  • Mesurer en temps réel la production et la consommation

  • Choisir une borne compatible avec un pilotage local et dynamique

  • Configurer finement la logique de charge en fonction des usages et des priorités du foyer

FAQ – Vos questions sur la recharge solaire et l’autoconsommation

Comment recharger sa voiture uniquement avec le surplus solaire ?

Pour cela, il faut une borne compatible avec un système de pilotage dynamique. Un routeur solaire ou un EMS mesure en temps réel le surplus injecté et envoie à la borne un ordre de charge modulé. Le véhicule doit être branché et prêt à recevoir l’ordre. Attention, cela nécessite une puissance minimale de l’ordre de 1,4 kW (monophasé) pour déclencher la charge.

Quelle borne est compatible avec un routeur d’autoconsommation ?

Les bornes compatibles sont celles qui peuvent être pilotées localement (OCPP en local, Modbus, ou API locale). Des modèles comme la KEBA P30, OpenWB, ou certaines versions de Wallbox Pulsar peuvent être intégrées dans un système de routeur solaire. Vérifiez toujours la documentation technique et les APIs disponibles.

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